Les bases de l’élevage des Loricariidés
Certains diront que la reproduction de plecos est une tâche compliquée, d’autres la trouveront plutôt simple. En réalité, lorsque de bonnes conditions sont réunies, la reproduction a tendance à se faire naturellement.
Dans cet article, nous présenterons les conditions nécessaires pour réussir la reproduction. Notons, cependant, que la pratique de certaines actions pour augmenter la probabilité de reproduction n’aboutit pas dans tous les cas. De même, il est possible que certains éleveurs aboutissent à de bons résultats sans pour autant pratiquer ces actions. L’important est de comprendre pourquoi nous choisissons ces méthodes. Les conseils dispensés dans cet article permettent une augmentation de probabilité en pourcentage et ne sont en aucun cas une recette infaillible.
Même s’il existe des espèces dont la reproduction est plus difficile, nécessitant des actions très spécifiques et des soins supplémentaires, commençons par les base de l’élevage des loricaridés. Nous nous focaliserons sur les espèces spécifiques dans un prochain article.
Idéalement, et pour la plupart des loricaridés, il faut acquérir un groupe de 6 à 10 spécimens, selon les dimensions de l’aquarium qui les accueillera. Cela vous donnera la garantie d’obtenir plusieurs mâles et femelles. Partons du présupposé que le groupe entrera dans un aquarium dont le biotope a été recréé ou, du moins que les paramètres de l’habitat naturel de l’espèce ont été respectés. Nous supposons également que la longueur maximale que l’espèce peut atteindre aura été préalablement mesurée afin que les loricaridés ne soient pas placés dans des espaces sous-dimensionnés. Avant de se procurer un groupe, il est donc primordial d’étudier les besoins de l’espèce.
L’acquisition d’un groupe, composé de plusieurs mâles et femelles, nous permettra d’assister à des comportements de dominance, de lutte pour les territoires et, plus tard, de parade nuptiale. Ces comportements vont certainement capter notre attention et nous faire passer des heures à observer l’aquarium. Plus nous passons de temps devant notre groupe, plus vite nous commençons à attribuer une signification aux différents comportements et à connaître nos plecos.
Pour observer les comportements les plus naturels décrits ci-dessus, nous devons préparer la bonne disposition, et notamment les fameuses grottes d’élevage qui sont des éléments facilitateurs du processus lui-même. J’aime utiliser le ratio d’une grotte par spécimen (maximum) et une grotte par mâle (minimum). Je peux également enlever les grottes qui n’ont jamais été utilisées ou les remplacer par d’autres, aux dimensions ou à la forme légèrement différente.
En règle générale, ces grottes de reproduction sont ouvertes d’un seul côté (pour que le mâle puisse y bloquer la femelle) et avec une dimension juste par rapport à la largeur et la hauteur de l’espèce adulte. Ces grottes doivent également permettre l’entrée des deux spécimens (mâle et femelle). Il n’est pas nécessaire de perdre trop de temps dans le choix des grottes. En effet, souvent, certains de mes poissons préféraient les grottes qui me semblaient inadaptées.
Ces grottes doivent être réparties dans l’aquarium et non pas regroupées dans une seule zone. Certaines d’entre elles devraient également avoir une pierre plate ou un tronc sur le dessus pour créer une ombre à l’entrée de celles-ci. Ce sont généralement les mâles qui choisissent les meilleures grottes et les femelles intéressées aiment rester près des grottes des mâles, souvent sur des pierres plates ou des troncs et généralement en position ventrale.
En soi, ces précautions sont déjà suffisantes pour qu’à moyen terme, nous puissions réussir l’élevage de l’espèce choisie. Gardons toujours à l’esprit que la patience est une particularité de notre hobby et transversale à tous les types de projets dans le monde sous-marin ! Après avoir suivi ces étapes susmentionnées, profitons du projet et évitions de mettre les mains à l’intérieur de l’aquarium pour apporter des modifications à la disposition. Laissons au groupe le temps de s’adapter et de se sentir à l’aise dans son nouvel environnement. Cette attente peut prendre quelques mois, mais comme mentionné ci-dessus, la plupart du temps, cela fonctionne tout seul.
Après avoir pris ces dispositions (acquisition du groupe – 6 à 10 unités, confirmation des mâles et des femelles, aménagement adéquat avec des grottes de reproduction et stabilité pendant quelques mois) et sans observer les comportements de parade nuptiale et de reproduction, il est temps de réaliser de petites actions pour stimuler le groupe. L’une de ces actions est liée aux changements partiels d’eau.
Pour comprendre cette méthode, il faut s’attarder sur son fonctionnement naturel : dans les pays tropicaux, il n’y a que deux saisons dans l’année. La saison des pluies et la saison sèche. La première est caractérisée comme une période de plus grande abondance en nourriture, de zones favorables à la reproduction et de qualité de l’eau, contrairement à la saison sèche. Ces deux saisons peuvent être reproduites dans nos aquariums grâce aux changements d’eau et à la gestion de l’alimentation. Je vais maintenant montrer une séquence d’actions permettant de mieux comprendre la reproduction du climat tropical :
Simulation de la saison sèche
- Réduire le nombre de changements d’eau (attention aux paramètres de l’eau pour éviter les accidents) ;
- Ne pas nourrir tous les jours.
Nous simulons une pénurie qui peut durer 3 à 4 semaines, modulable selon notre expérience ;
Prévoir la proximité de la pluie et surtout de l’orage (grand orage)
- Avec la proximité des pluies, une baisse de la pression atmosphérique est enregistrée. Celle-ci est ressentie par la plupart des êtres vivants ;
- Programmer le changement partiel d’eau pendant la pluie ou après – près de la fluctuation de la pression atmosphérique. Il existe, d’ailleurs, des applications gratuites qui nous indiquent les valeurs de la pression atmosphérique.
Simulation de la saison des pluies
- Effectuer un changement d’eau d’au moins 50 % du volume total de l’aquarium en assurant une baisse maximale de 3 à 4ºC de la température de l’eau ;
- Nourrir tous les jours avec une nourriture de qualité à forte charge protéique (attention à la gestion de cette nourriture dans le cas d’animaux à prédominance herbivore, comme les espèces du genre Ancistrus).
- Simuler l’abondance de nourriture préparant les poissons à l’acte reproductif.
Cette simulation pourra aller dans les moindres détails afin de reproduire les notes de saison. Certains simplifient même le processus et se contentent de jouer avec les changements d’eau, sans aucune fluctuation de la nourriture. Tout cela sera le fruit de l’expérience et de chaque cas particulier, car ce qui fonctionne pour un groupe peut ne pas fonctionner pour un autre.
Les actions de base présentées dans cet article permettent un élevage optimal des loricaridés. Dans mon cas, ce sont ces pratiques qui, avec plus de dix espèces différentes, ont été les plus pertinentes.
Pour les espèces dont la reproduction en captivité est plus complexe ou même qui n’ont jamais été documentées, nous devrons prendre des mesures plus spécifiques liées au nombre de spécimens, à la disposition de l’aquarium, aux fluctuations de température jour/nuit, à l’utilisation de résines d’élevage ou d’autres mesures qui feraient l’objet de plusieurs articles.
Observez le comportement de vos poissons et soyez curieux de leur habitat naturel. Ainsi, vous comprendrez facilement leurs besoins et réussirez à les entretenir, ce qui aboutira certainement à leur reproduction.
Par Tiago Ralha
Aquariophile depuis plus de 30 ans.
Fondateur du projet Paraíso Pleco et du cycle d’événements Encontros de Aqua Aficionados.
Auteur de deux e-books sur l’élevage de poissons et les bases de la reproduction des plecos.